Interviews

Shneck Connection Crew

Un concours de circonstances

Présentez-vous ?

La Shneck (LS), 20ans, rappeur , la « voix » de la SCC (à droite).

Mattanoll (Matt), 20ans, beatmaker, la « production » de la SCC (à gauche).

Pourquoi avez-vous choisi de vous exprimer par le rap ?

LS : Au départ, il n’était pas vraiment question de rap. J’écris depuis que je suis gosse. J’ai commencé par des petites histoires, des nouvelles, etc... Le rap est un peu un concours de circonstances. Mat faisait du son depuis pas mal de temps, il avait un peu de matos et notamment un micro. Je me suis retrouvé derrière a balancer un freestyle pour déconner. C’est atroce quand je réécoute, mais ça a été comme un déclic. Pouvoir raconter quelque chose à travers une musique c’est juste un kiff énorme. Et le rap offre beaucoup de possibilités. Tu n’as pas besoin d’avoir fait 10 piges de chant ni d’avoir une formation musicale du conservatoire. Évidemment c’est comme tout, ça se travaille. Je pense être loin du Haut Niveau, mais tu fais vite des progrès, tu captes vite certains trucs à améliorer etc... C’est ce coté assez « libre » qui m’a attiré vers le Hip Hop je crois.

Matt : En effet, c’est parti plutôt d’un délire, moi qui n’étais pas forcement intéressé par le rap, ma culture se limitait vraiment aux grands noms du milieu. Pour autant, personnellement, je n’avais pas l’envie d’écouter plus de rap pour m’ inspirer ou même créer des copies conformes de beats existants mais je me suis pris au jeu et j’ai trouvé un intérêt grandissant à mettre mes compétences au service de mon pote rappeur.

Quels sont vos influences, pas seulement niveau hip hop mais dans la musique en général ?

LS : C’est vrai qu’à la base, on a reçu une éducation musicale plutôt rock et pop. Par la suite moi je me suis plus tourné vers le milieu Hip Hop et Matt plus vers l’electro. Donc c’est vrai que quand on fait un son aujourd’hui, c’est toujours en s’inspirant de plein de styles différents. On est pas focalisé sur un genre musical. Par exemple sur un de nos sons Matt a utilisé un sample de Goran Bregovic ou encore de Pop Orchestra, un groupe ultra kitsch des années 70. Ce qui compte pour nous c’est de faire quelque chose qui nous plait, quelque chose qui nous ressemble. On a pas vraiment de limites. C’est une question de feeling avant tout...

Matt : on a quelques projets qui arrivent dont un son limite « bal musette » au niveau de la production, donc oui on ne se donne pas de barrière.

A quand remonte vos débuts en tant que groupe ? Qui est à l’origine de la création ?

LS : Cela remonte à 2006. Pour déconner avec Matt on s’est amusé a gratter un freestyle à la con sur une production qu’il avait dans son PC. On a posé ça chez lui. A la base, il ne devait pas y avoir de suite. Et puis on s’est pris au jeu. Matt s’est mis à me faire des instrumentales, moi à gratter. C’est devenu de plus en plus fréquent. On s’est rendu compte qu’il y avait peut être un truc à en tirer, on a eu de bons retours, alors on s’est mis à faire ça un peu plus sérieusement, mais sans jamais aucune prétention. Notre objectif c’est juste de faire une musique qui nous ressemble. Si cela plait c’est génial, sinon, tant pis ça ne nous empêchera pas de continuer pour autant.

Matt : ce qu’il faut préciser aussi, c’est qu’entre 2006 et 2009 par exemple, notre niveau de production de rap était vraiment à 2%. Ce n’ était pas une priorité pour nous. On sortait des sons de temps en temps, genre 1 son par an. On était les Laurent Voulzy du rap (rires), en beaucoup moins sérieux.

Comment procédez vous lors de la conception d’un nouveau morceau ?
/ Partir du texte, partir de la production…. ? /

LS : 99% du temps, c’est matt qui m’envoie une prod et ensuite moi je vois ce qu’elle m’inspire et j’écris en fonction de celle ci. J’ai du mal à écrire sans le beat. Généralement dans ces cas la, mes textes n’aboutissent pas en morceaux. J’ai besoin de la base musicale pour avoir de l’inspiration.

Matt : Pour ma part, je ne me fixe pas grand chose en commençant un beat. J’aime bien commencer par la partie batterie du morceau, après ça roule tout seul. Par exemple dans ma pauvre culture hip-hop, j’entendais beaucoup de beatmaker dire que le sample était la base d’ un morceau pour eux, or moi je le prend plutôt comme une aide, et surtout pas une obligation. La puissance d’ un morceau vient surtout de la mélodie et donc de l’émotion qu’elle t’ apporte...

Où puisez-vous votre inspiration ? Des sorties, des voyages, des rencontres… ?

LS : Pour ma part, l’inspiration vient de tout ce qui m’entoure. Ce que je vis ou ce que j’ai pu vivre. J’ai tendance à être assez pessimiste dans la vie en générale, ça se ressent d’ailleurs assez dans mes textes. J’ai par exemple beaucoup plus de mal à écrire un texte positif. Je crois que c’est pas vraiment mon rayon. Je suis plus à l’aise sur des prods plus mélancoliques. Le rap est une sorte d’exutoire pour moi, je m’y vide, je dis ce que j’arrive pas forcément à exprimer au quotidien. En gros on peut dire que mon psy c’est mon stylo et ça fait pas chère la consultation !

Matt : on est un peu les mêmes à ce niveau là. C’ est vrai que j’ ai du mal à faire un beat joyeux. Il faut qu’il y a toujours une pointe de mélancolie, c’est un peu mon défaut je crois. Personnellement, l’inspiration je la puise plutôt de la pop, du jazz, funk ou même classique... Ayant fait une formation au conservatoire de musique classique, cela m’a vraiment aidé. Pour ma part, mon psy c’est mon Mac, mes logiciels et mon clavier, ce qui fait chère la consultation (rires).

Pour l’instant on vous retrouve principalement sur myspace où vous postez de temps en temps de nouveaux morceaux. Quels sont vos projets ? Une sortie en physique, la mise en vente des titres ou leur téléchargement gratuit ?

LS : On y réfléchit…rien n’est encore vraiment défini. On préfère prendre notre temps. Pondre un truc pour dire, ça y est on l’a fait, ça ne nous ressemble pas. On veut faire quelque chose de bien, de carré. Quelque chose dont on puisse être fier même dans 10 piges. On a des projets en cours mais ça prendra le temps qu’il faut. Rien ne sert de courir…

Matt : J’ai pas mal d’ autres projets, dont la sortie de mon album Pop Electro. Je me focalise un peu sur ça en ce moment. Comme dit LS, on a le temps, mais si on fait une sortie digitale, ce sera plutôt un EP de 4 ou 5 titres.

Sur votre projet à venir, prévoyez-vous des featurings et si oui avec qui ? Toujours Léa et Wiilson Wonka ?

LS : On a enregistré récemment un morceau avec une amie, Layla (chanteuse des The Plum’s). On trouvait ça intéressant de bosser avec elle car son rayon c’est plus rock à la base et elle a une voix vachement plaisante. Pour le reste on a encore un feat de prévu avec B.Boy qui lui est plus dans un style Zouk. L’intérêt c’est aussi de travailler avec des gens capables de t’apporter une touche particulière sur un morceau. C’est ce qu’ont fait Léa et Wiilson Wonka auparavant. Retravailler avec eux est plus qu’envisageable. Surtout que c’est des gens qui nous sont très proches, pas juste des rencontres musicales.

Matt : C’est quelque chose de difficile un featuring, trouver des chanteuses, chanteurs, rappeurs, c’est pas facile de se mettre d’ accord, pour l’instant comme dit LS, on travaille avec des gens proches et on en est vraiment satisfait.

Les productions de Mattanoll sonnent très pop avec de fortes inspirations électroniques… Ce qui est assez nouveau et donne une certaine fraîcheur à vos chansons. Allez-vous rester dans cette lignée et jusqu’où voulez-vous pousser le concept ?

LS : On essaie de trouver un son propre à nous même. Le but c’est que l’on puisse ressentir un lien entre chaque morceaux. Matt n’est pas focalisé hip hop, moi non plus. Cela explique aussi le mélange des genres je pense..

Matt : Finalement, dans nos productions, tu n’entendras jamais vraiment un son purement hip hop. C’est intéressant ce mixage des genres, on en joue à mort !

La scène, vous avez une date de prévue bientôt… Comment la travaillez-vous et quelle importance lui accordez-vous ?

LS : On en a une le 19 mars. Une autre peut être en mai. C’est nos toutes premières dates. On essaiera d’être carré. Mais notre objectif pour nous reste de pouvoir monter sur scène avec des musiciens. C’est surtout dans ce sens qu’on risque de travailler dans les prochains mois.

Matt : On s’ est mis d’ accord très tôt sur le fait d’amener petit à petit des musiciens sur scène avec nous. On ne veut pas se contenter d’ un CD ou un fichier wav dans « ableton Live ». En plus, on a un bel entourage de musicos, donc ce n’ est pas ce qui manque, profitons en.

Avec qui aimeriez-vous collaborer. Si vous pouviez inviter des artistes sur votre projet ?

LS : Honnêtement c’est dur à dire. Pour moi la musique c’est une question de sensation. J’ai besoin d’avoir un contact avec la personne avant de savoir si oui ou non je pourrai travailler avec. Pour moi l’alchimie doit se faire aussi ailleurs que derrière le micro.

Matt : Un feat avec Oxmo puccino ne nous déplairait pas, tout comme Soklak, mais dans le kiff d’avoir fait un truc avec eux...

Un dernier mot pour finir :

LS : Un grand merci à toi. C’est vachement plaisant pour des mecs comme nous de pouvoir être interviewés. Et sinon et bien, rendez vous sur le myspace : http://www.myspace.com/shneckconnectioncrew

Matt : Oui même si j’ ai la sensation de ne pas avoir une grande histoire à raconter à propos de la SCC, on est là quand même depuis 4 ans :). Merci Orni.


Publié par Ornicard, le 08.04.2010



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