Interviews

Doni Donzo

La musique est devenue mon oxygène autant que ma passion

Présente-toi, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore :

Doni Donzo, rappeur, né en 1981 à Toulouse, France…

La musique de façon générale pour commencer, que représente t’elle à tes yeux ?

Quelque chose d’universel, le moyen le plus immédiat, le plus direct pour exprimer ce que l’on a en soi et parfois toucher les autres sur une phrase, un mot ou une mélodie. Plus personnellement la musique représente beaucoup de choses, au fil du temps c’est devenue mon oxygène autant que ma passion, cela fait partie de moi et de mon histoire et puis il y a cette conviction un peu folle d’être fait pour ça plus que pour quoique ce soit d’autre. Si je devais répondre par un seul mot au mot musique ce serait « liberté », c’est surtout cela que ça m’évoque.

Depuis combien de temps rappes-tu ? Quel a été l’élément déclencheur, celui qui t’as donné envie de faire ta musique ?

Cela s’est fait en plusieurs étapes. J’ai commencé à rapper en 1995 tout seul dans ma chambre. Je m’enregistrais sur des face B de rap US. A l’époque je ne savais vraiment pas quoi faire de ma vie, j’avais pas mal de trucs à dire, du mal à trouver ma place, j’ai toujours aimé écrire et j’ai grandi comme beaucoup d’autres avec le rap français donc c’est venu naturellement. Le déclic je pense que ça a été « 1993 » de NTM. J’ai eu l’album en cassette et je me suis dit « c’est ça que je veux faire ! ». Ensuite, il y a eu plusieurs phases, tentatives, découragements. J’étais dans un groupe puis seul et la vie a suivi son cours. Il y’a eu des choix à faire, des impératifs, des excuses qu’on se trouve pour ne pas faire les choses, un peu de tout en fait… Mais, j’ai quand même toujours gardé cette idée en tête, faire ma musique. Et puis je me suis retrouvé un jour de 2007 au point de départ : seul devant une feuille avec un stylo en train d’écrire mon album et je suis allé jusqu’au bout de mon idée.

Quelles sont tes premières sorties et comment ont elles été accueillies ?

Il y eu quelques morceaux sur le net dont certains m’ont amené pas mal de retours comme « Poupée de cire et de sang » qui annonçait l’album, « Rando sur son » sur une prod de Dj jOke ou « Décousu » qui est le premier son de l’album qui à été clipé. Celui-ci est aussi sur deux compilations : « Aktivistes en mouvement » et « Espry hiphop vol.2 », cela joue sûrement un rôle dans le fait que j’ai beaucoup de retours sur ce son. Ensuite, mon premier album « Le jour et la nuit » est sorti en indépendant en juin 2009. Depuis les choses avancent, je prend des contacts avec des rappeurs, des producteurs et des gens de tous horizons qui me disent qu’ils ont étés touchés par tel ou tel titre de l’album. Globalement les gens ont l’air surpris de l’aboutissement des chansons. Moi je trouve cela assez logique vu que j’ai presque trente ans (sourires) et que je rappe depuis longtemps. Dans ce qui revient souvent, c’est que les gens me disent que j’ai vraiment un style à moi. Cela me fait forcément plaisir. On me dit aussi que je suis un peu « à l’ancienne », ce qui peut être un compliment ou une critique selon les personnes. Il y a aussi les préjugés entre ceux qui ne connaissent pas du tout notre musique et ceux qui prétendent l’aimer. Tu as beau leur expliquer que tu fais de la musique un point c’est tout, cela reste trop souvent un dialogue de sourds. Je ne te cache pas qu’on me dit aussi beaucoup qu’il y a trop de rap de merde qui marche et que les bons sont trop souvent cachés derrière dans l’ombre, tout au fond. Personnellement, je ne me prend pas la tête avec tout ça, les compliments, les critiques. Je fais mon truc, je garde les yeux ouverts et les pieds au sol, si j’ai réussi quelque chose c’est juste à attiser la curiosité et créer une petite attente autour de mon prochain album.

Parles nous un peu de ton Album : « Le jour et la nuit ». Quels sujets traites-tu ? Retrouvons-nous un fil conducteur ?

Vaste sujet ! L’album compte vingt titres. Le fil conducteur c’est la vie et la mienne en particulier. Je parle de ce que je connais le mieux, moi. Je pense qu’en parlant de soi sincèrement on peut toucher quelque chose chez les autres parce qu’on est pas tous pareils mais on est pas si différents au fond. Je l’ai appelé « le jour et la nuit » pour de multiples raisons. C’est à la fois mon caractère, ma façon de fonctionner, l’histoire de ma vie et aussi une manière de dire que j’aime passer du coq à l’âne et varier les styles, quitte à surprendre ou à décevoir.

L’album est donc très varié, autant dans l’écriture que dans l’ambiance des sons. Il y a des titres très personnels (En vrac, Funambule, 3’15 du mat), d’autres plus « légers » (Les gens font oui de la tête, Chronique d’un rappeur raté ), des chansons plutôt sombres (Opéra de Naples, Tirer un trait), d’autres plus dansantes (Flow Fuck, Truc à la Nikita), en passant par des sons plus mélodiques (Décousu, Funambule, Chansonnier de la cave). L’album reflète mon état d’esprit et ma vie et heureusement la vie n’est pas tout le temps la même, cela peut aller de l’euphorie à la déprime, de l’amour à la haine.

Défends-tu ton Album sur scène et où peut on se le procurer ?

Oui je suis prêt à le défendre sur scène n’importe où et n’importe quand ! J’ai fait une date à Paris, il y a quelque temps et j’ai des dates à venir sur d’autres villes comme Toulouse, Marseille. Rien de définitif pour l’instant mais cela va arriver vite. La scène, c’est un kiff incroyable et un de mes principaux objectifs.

En ce qui concerne l’album « le jour et la nuit », il est disponible en commande à cette adresse mail : sozinhoprod@gmail.com : c’est le label qui a produit l’album. En ce moment, je cherche des solutions pour que l’album soit mieux distribué. Il y aura du nouveau bientôt j’espère. En attendant, tous les moyens de diffusions sont bons. Les gens qui le veulent le trouveront. D’ailleurs, n’hésitez pas à demander par mail sur mon facebook ou mon myspace, on vous renseignera.

Tu as clipé plusieurs morceaux déjà, comme « Rando sur son », « Décousu » et tout récemment : « Chansonnier de la cave ». Le tout est à voir sur ton myspace. Sur quels critères choisis-tu, les chansons à cliper ? Sais-tu déjà par avance ce que tu veux où cela se passe t-il au feeling ?

Une précision, il n’y a que « Décousu » sur myspace, les autres clips sont visibles sur youtube. Tapez « Doni Donzo » sur google et vous trouverez facilement...

Je profite de cette question pour dire un grand merci à tous les gens qui ont participé à la création des clips, spécialement mes trois réalisateurs qui se reconnaîtront. Sans eux et les autres gens qui nous ont aidé, il n’y aurait pas de clips !

Je n’ai pas choisi les chansons qui ont été clipés. C’est ceux qui ont réalisés qui ont décidé. C’est surtout le résultat de rencontres et d’amitiés. Ces trois clips ont été fait sans aucun moyen et tous ceux qui y ont participé l’on fait sans demander un sou. Ils ont été réalisés par des personnes différentes, dans des conditions différentes et chacun à interprété la chanson qu’il a clipé à sa manière ce qui donne trois clips vraiment différents. On aime ou on aime pas. Moi ce qui me plaît, c’est de proposer des choses différentes de ce qu’on voit tout le temps. L’image, ce n’est pas vraiment ma spécialité. Donc j’ai laissé cela à des gens motivés pour s’en occuper, même si évidemment j’ai donné mon avis et quelques idées…

Et petit scoop pour blaze hiphop.com, le clip de « En vrac » est terminé et sera disponible sur internet très bientôt…Restez à l’affût !

Avec quels artistes (producteurs, MCs) collabores-tu actuellement et pourquoi ?

Je travaille avec pas mal de producteurs différents selon le type de son que je recherche. J’aime rapper sur des sons variés. Je pense que c’est une force de puiser chez les uns et les autres les sons qui me correspondent. Par exemple sur l’album, il y a des sons de huit producteurs différents, dont un canadien. Si je devais en citer quelques-uns, je citerais évidemment Dj jOke, mon fournisseur numéro uno. Le premier beatmaker qui m’a suivi et qui a cru en moi. Ce mec distribue les sons comme Jésus multipliait les pains. C’est le genre qui me donne confiance dans le hip hop. Il y a aussi Morfeus avec qui je travaille beaucoup en studio et qui sort à chaque fois des tueries, Hellbound un belge sur-actif dans l’underground international qui a une couleur de sons bien à lui. Je travaille aussi avec Fonka et Zenghi qui font partie des meilleurs beatmakers toulousains et récemment j’ai entamé des collaborations avec d’autres beatmakers comme DJ Fost, A.x.a.p, 3P2S ainsi que pas mal d’autres, vous verrez cela dans un avenir proche…

Au niveau des featurings, il y a des morceaux qui tournent sur le net : « Les fées » avec la Savante Addition, « Rare et inédit » avec Ange Gab, Belek de C2C et Fonka ou « Tout ce qui tue pas t’endurcit » avec Belek sur une production de Zenghi, une chanson pour laquelle j’ai beaucoup de bons retours. Pour les collaborations, je fonctionne au feeling selon les rencontres. Si le contact passe et que tout le monde est chaud pour un morceau on le fait. L’idée étant de faire des bons sons et pas du buzz éphémère.

Quels sont tes projets à venir, que nous prépares-tu ?

Pas mal de chose en fait… Le plus important pour moi pour l’instant, c’est faire vivre au maximum mon premier album. Je pense qu’il a encore une belle route à faire. Il y a aussi différents featurings et apparitions dans des compilations qui vont arriver. Je préfère rester discret là-dessus, tant que c’est pas fait, c’est pas fait… Dans le rap neuf projets sur dix n’aboutissent pas… Mais il y a des morceaux dans les tuyaux. J’ai enregistré un son pour la compilation « Nous contre eux » qui va sortir très bientôt. C’est un méchant projet de l’équipe de HH Fury qui anime l’émission de radio du même nom sur Campus Toulouse (94FM). Une compilation qui va réunir beaucoup, beaucoup de bons MC de France et d’ailleurs. Le son qui me concerne s’appelle « Le grand manège » en featuring avec Mendoza de Sarrazin (Toulouse) et Il Capo Bastuni (Paris) sur une production de J-Nyce. Il y a pas mal d’autres choses en cours. L’avenir pour moi, c’est la scène et l’écriture du prochain album. La date de sortie n’est pas encore fixée mais c’est en cours de préparation. D’ici là, il y aura différents projets. Je ne donne pas de détails pour l’instant mais il faut que les gens qui attendent du nouveau de ma part sachent qu’ils n’attendront pas longtemps. Il y aura des nouveautés et des surprises bientôt...

Pour finir, qu’écoutes-tu en ce moment précis ? Quels sont tes coups de cœur à ne rater ?

J’écoute tout ce qui me tombe sous la main : rap ou pas, français ou pas. Je suis assez curieux en général. Au niveau rap français, je trouve qu’on assiste à un renouveau. L’underground fourmille de talents qui viennent de partout. Comme ça, je te citerais des gens comme Mysa, Zakariens, TSR Crew, Fayçal, Pejmaxx, Zesau, Swift Guad et tellement d’autres que j’oublie ou que je n’ai pas eu l’occasion d’écouter. J’écoute aussi du rap de chez moi, des gens comme Cellule de Crise, Fonka, Nino, Ange Gab, Furax et pleins d’autres à qui je ne pense pas là et qui ont tous des styles différents. Il y a beaucoup de bon rappeurs. Le combat commun à tous c’est d’arriver à se faire entendre, même si ce n’est pas simple, il ne faut rien lâcher.

Merci

De rien, merci de me donner l’opportunité de m’exprimer, longue vie à Blaze hiphop et big up à tous les gens qui me soutiennent !

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Doni Donzo.


Publié par Ornicard, le 22.01.2010



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